Catulle Mendès

La première maîtresse de Catulle Mendès

Deux bras nus l’étreignirent impétueusement ! le tirèrent, le couchèrent sur de la peau vivante et palpitante, tandis qu’une bouche lui mettait dans la bouche un bâillon de chair grasse et mouillée ; et, dans ses cheveux, sur ses joues, sur son cou, des doigts se multipliaient, lents et violents, comme sans nombre. Alors, fuyant les lèvres lourdes qui lui avalaient tout le souffle, il se déroba, en criant ; mais les bras le ressaisirent, les doigts déchiraient, arrachaient, avec des fureurs et des adresses, ses vêtements, draps et toiles, et, dévêtu, renversé sous la pesée d’un corps qui bientôt glissa, Evelin, en pleurs, plein de transes et d’affres, ses jambes battant l’air, et ses grêles hanches immobilisées entre deux mains brutales, longues et fines, subit, en sa vierge nubilité fragile, le viol goulu, frénétique, silencieusement dévorateur, d’un long baiser infâme.

Mephistophela de Catulle Mendès

Elle sait qu’elle est le point lointain et blafardement lumineux où convergent toutes les attentions des affolées et des détraquées ; elle sait que pas un vice, entre femmes, ne se réalise dans les élégantes alcôves ou sur les bancs des promenades ou dans les fossés de banlieue, sans s’autoriser de son extraordinaire exemple. Elle est la reine, pas présente, mais acceptée, de la cour des Miracles femelle du mal ; c’est vers elle, vers le dressement, dans une ombre rousse et touffue, de sa féminilité stérilisée, que monte comme un étrange encens l’universelle odeur des sexes de femme, ouverts ! Et elle a cette fierté de ne pas pouvoir être calomniée. Elle a conçu et parachever plus qu’on ne croit qu’elle a pu faire. Elle a dépassé l’hypothèse des solitudes et des hystéries. Elle est véritablement la parfaite damnée !

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