Au club des amants

Se retrouver enfin, fauteuil club cuir, hors des confinements bibliques, assise de profondeurs où se cuire, se rissoler en baisers brûlants, sentir dans ce cuir, là à la renverse dans toute cette peau, toute cette véracité charnelle remontant des âges, ces millénaires de sursauts de vies, passant de sexe mâle à sexe femelle à mâle à femelle, remonter les accouchements, les mises bas, un à un, la vie, premiers cris premiers déchirements de chairs écartelées, la vie pulsante, de queues battantes en cons dégoulinants, de chibres veines et nœud à chattes carnassières, de bites dévouées, de vagins songeurs, vénus dévorées sur l’autel liturgique de la baise, léchées empalées sauvagement dans la charge héroïque, assaut sabres au clair de ta lune perpétuelle, de ta voracité de hussarde polyphagique.
Dans ce cuir remonter les avens d’envies pures, viscérales se mêlant à ton sang, ton ventre maritime, tes algues éponges percolatrices, j’écarte arrache toute cette débauche mercantile affalée ficelée, dentelée rouge sang postée sur ta peau, glisser mes tenailles sur l’évidence imparable de ton velour, soies du juste toi suant, à défricher, te langue jusqu’au yeux, te laboure jusqu’au cœur des vierges, juste ta peau nue, crocs retroussés à vivre à pleine dents, ne rien savoir des petites faims, des anorexies minimalistes des quêtes dominicales sucrées du bout des doigts. Du chant polyphonique, orchestré à la cravache, du râle qui craque, du gémissement en sourdine de dessous, des jappements de goule, de la stridulation de vierge, du guttural martelé au claque peau du Bronx.
Dans ce cuir sentir les offrandes, les accroupis, les affalements corps à corps, la hardiesse de se tanner se racler, les prières à genoux, enfoncées dans la pliure des assises ne respirant plus qu’à peine, le plis de ferveur du boutis, battant à tes tempes, feuillures emplies de ta chair gonflée, marée de foutre ronflante sous nos peaux tendues, veines à craquer, de toutes ces vies chargées ras la gueule dans la pompe à jouir, tu m’âmes morse, signaux de détresse d’apnée, je te sème à fort, te drape peau, crocheté à tes cuisses accoudoirs, te dézingue en furie au fer blanc en bout de piste, je te rut agile, tu m’en buches, tout ce cuir à nu, en moi battant mon sexe la mesure le tien, les grandes orgues moussant tes fonts baptismaux, les anges effarés esquivant la mitraille à coup de douze, dérouillant l’opacité du sommeil réparateur d’inondation onanique, plaisir de vivre courir sous ta peau. Pas de l’ostentation conjugale, mariés ou pas, de la baise pure, animale, rien que de l’amour aveugle à toute vérité, nudité parfaite de l’instant, hors des sentiers apostoliques, être amants, crever la paillasse variqueuse du quotidien, s’offrir, s’offrir à cet aujourd’hui d’infini sans lendemain. Être amants juste et sans détour.

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire